Lames de hache provenant de Luitré (Ille-et-Vilaine)

Musée de Bretagne

Le Musée de Rennes conserve trois lames de hache provenant de Luitré et signalées pour la première fois par P. Banéat (Banéat, 1909 ; 66). Il s’agit des rares éléments néolithiques de la commune. En effet, seuls deux menhirs étaient connus sur le sommet le plus élevé du Montbelleux mais ils ont été détruits l’un au début du 19ème siècle et l’autre au milieu (P. Bézier n’en a vu aucun). Le dernier détruit serait en quartz (Bézier, 1883 ; 76 77). On peut douter de cette détermination au regard de la carte géologique actuelle. En effet, la butte de Montbelleux est formée de leucogranite aplitique émergeant du schiste tacheté cornéifié. Aucun quartz n’est signalé par les auteurs (Esteoule-Choux et al., 1994 ; 13 14). On signalera par ailleurs l’intriguant lieu-dit « la Pelvan » situé au sud de Luitré et qui ressemble à peulvan, c’est-à-dire pierre dressée en breton. Prudence toutefois : nous ne sommes pas toponymiste !

 

C’est dire alors si les trois lames de Luitré ont un intérêt historique pour la commune. La plus longue (886.10.12) mesure 95 mm de longueur pour 47 mm de largeur et 27 mm d’épaisseur. Elle est en dolérite. Sa section est ovalaire légèrement aplatie et son tranchant est arrondi. Il semble s’agir de son état initial avant son abandon au cours du Néolithique, même si une réutilisation en affûtoir ne peut être complètement exclue (Marsille, 1911). La seconde (886.10.11), toujours en dolérite, s’inscrit dans un triangle presque rectangle ; en effet, son tranchant est perpendiculaire à un de ses bords. De section ovalaire, elle mesure 85 mm de longueur pour 45 mm de largeur et 24 mm d’épaisseur. Ses deux lames ont leur largeur maximale au tranchant. La dernière (886.10.13) mesure 74 mm de longueur pour 30 mm de largeur et 17 mm d’épaisseur. Elle est en dolérite à points noirs. Son tranchant est en arc de cercle assez prononcé et sa largeur correspond à la plus grande de la lame. Sa section est ovalaire irrégulière. Elle présente un petit enlèvement au tranchant.  

Dessin des 3 haches image moyenne
 

L’absence de localisation précise de ces trois objets est regrettable. C’est la raison qui explique que nous n’en avons pas tenu compte dans un article récent sur le Néolithique de la haute vallée de la Vilaine et de celle de la Seiche (Kerdivel, Sous presse). En effet, la commune de Luitré se trouve à cheval sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Vilaine au sud et le bassin du Couesnon au nord. De fait, ces haches peuvent provenir autant de l’un que de l’autre de ses deux bassins versants. Elles ont toutefois un intérêt de par leur matériau, la dolérite, dont on connaît une carrière-atelier toute proche et bien sûr leur typologie, aspect largement sous-exploité (Kerdivel et al., 2017).

 5 Mai 2021 , Rédigé par Groupe de Recherches Archéologiques de Mayenne.

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Gwenolé KERDIVEL (Texte et dessin)                                                                                                                                                Retour page précédente

 Banéat P. (1909) ‒ Ville de Rennes. Catalogue du Musée archéologique et ethnographique, 3eme édition, Rennes, Imprimerie Oberthur, 494 p.

Bézier P. (1883) ‒ Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Ch. Catel, Rennes, 280 p.   http://bibnum.univ-rennes2.fr/items/show/493

Esteoule-Choux J., Paris, F J.-F., Guigues J., Dadet P. (1994) ‒ Carte et notice explicative, Carte géol. France (1/50 000), feuille Fougères (13-17), Orléans, BRGM, 39 p.

Kerdivel G. (Sous presse) ‒ La vallée de la Seiche et la haute vallée de Vilaine du début du Néolithique au Chalcolithique : bilan et perspectives, Revue Archéologique de l’Ouest.