La Chronique républicaine -

Par Manuel RodriguezPublié le 11 Nov 23 à 17:31  mis à jour le 11 Nov 23 à 17:36

Photovoltaïque : 150 personnes se mobilisent contre « un projet insensé » près de Fougères

150 personnes sont venues manifester leur opposition à la construction d'une centrale photovoltaïque qui prévoit la disparition d'un bois de 9 hectares à Luitré (Ille-et-Vilaine).

La chronique

La mobilisation contre le projet de centrale photovoltaïque à Montbelleux a attiré plus de 150 personnes. ©La Chronique républicaine

Il faut prendre du recul pour la voir.

En faisant quelques pas en arrière, on appréhende mieux l’impressionnante fresque qui recouvre les trente mètres des murs de la mine de Montbelleux, à Luitré, à l’est de Fougères (Ille-et-Vilaine).

On aperçoit alors un paysage apocalyptique aux couleurs ocres et rouges. Un vaste champ de souches d’arbres où des panneaux photovoltaïques ont remplacé les troncs.

Avec une phrase, en lettres capitales blanches : « Quand le dernier arbre aura été abattu… ».

Voilà comment le street-artiste rennais War ! voit le projet de centrale photovoltaïque de Montbelleux. 

Quand le dernier arbre aura ete abattu

La fresque de War ! sur le mur de la mine de Montbelleux pour dénoncer l’abattage des arbres programmés dans le cadre du projet de création d’une centrale photovoltaïque. ©La Chronique républicaine.

« Le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange pas »

Une œuvre qui illustre les craintes des plus de 150 personnes venues soutenir, ce samedi 11 novembre, le collectif (riverains et associations) qui s’opposent à la création de 40 000 panneaux sur 16 hectares*. 

Ce projet va nécessiter de raser un bois de 9 hectares. C’est un insensé d’envisager cela. Comment comprendre que Michel Balluais, le maire de Luitré et vice-président de Fougères agglomération, veuille maintenant supprimer la protection d’un bois qu’il a lui-même classé zone à protéger il y a huit ans.

Jean Hérisset, membre du collectif 

Et de citer une phrase attribuée à l’indien Geronimo : « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange pas ».

« Ils vont transformer une île de fraîcheur en continent de chaleur »

Son frère, Jacques Hérisset, habite à proximité du site.

Il a listé « les inquiétudes » des riverains qui, assure-t-il, n’ont « jamais été prévenus par les élus » de ce qui se préparait.

Au-delà de la « dévaluation » de leurs maisons, ils regrettent le changement de cadre de vie :

Les chevreuils et la nature vont être remplacés par des panneaux de 2,40 mètres de haut et du grillage.

Jacques Hérisset, riverain

Une fois le bois disparu, les habitants du voisinage se retrouveront à la merci « des rafales de vent » et des « inondations » en contrebas du site.

« Enfin, il y aura le problème du bruit : le courant fourni par les panneaux devra être refroidi par des machines bruyantes », grogne Jacques Hérisset qui pointe le « cynisme » des porteurs du projet qui « vont transformer une île de fraîcheur en continent de chaleur ».

Panneau

Un des slogans vus pendant la mobilisation contre le projet de création d’une centrale photovoltaïque à Montbelleux. ©La Chronique républicaine

« Ils stockent du carbone depuis des lustres »

Les représentants des associations écologistes alertent quant à eux sur les problèmes de pollution et de qualité de l’eau souterraine et de surface.

Les arbres jouent un rôle de fixateur. Les détruire serait dangereux, car cela risquerait de relâcher les polluants présents dans les sols. Ils se retrouveraient alors dans le ruisseau des Prés Maigres qui se jette dans le Mué, affluent du Couesnon.

André Robinard de la Passiflore

Thomas, écologue et botaniste, a inventorié bénévolement le site. Pour lui, ce qui s’y prépare est « un non-sens ».

Il rappelle que le bois est un vestige « d’une forêt de plus de 100 hectares vieille de plusieurs siècles » et que la prairie permanente voisine « n’a jamais été retournée ».

Plantation

Les opposants ont replanté cinq chênes. « Pour compenser les cinq chênes centenaires abattus par le propriétaire du site ». ©La Chronique républicaine

Abattre les arbres « qui abritent une riche biodiversité » et remuer la terre de la prairie présente à ses yeux un danger : 

Les arbres et la prairie stockent du carbone depuis des lustres. Si on y touche, on va tout relâcher dans la nature d’un coup.

Thomas, écologue et botaniste

Il ne comprend pas pourquoi cette donnée n’est pas prise en compte dans le bilan carbone du projet : « C’est une question de cohérence, tout doit être pris en compte. D’autant qu’en supprimant des arbres et des prairies, c’est toute une capacité de photosynthèse naturelle qui va disparaître. » 

Pas fondamentalement opposé à du photovoltaïque, le jeune homme invite les décideurs à positionner ces projets sur des « vraies friches industrielles, là où la terre est déjà artificialisée, pas comme ici ». 

Tous ceux qui étaient présents à ce rassemblement interpellent les élus de Luitré-Dompierre. Ils leur demandent de ne pas modifier le Plan local d’urbanisme de la commune, condition sine qua non pour que le projet puisse voir le jour.

                                                                                                 Retour page d'accueil