La mine pendant la Grande Guerre
une exploitation mouvementée.
Dans cette période de guerre, le wolfram est indispensable à la fabrication des armes, il permet notamment de durcir les blindages. L’exploitation s’était arrêtée en 1911, elle reprend le 6 juin 1916.
Les travaux sont desservis par 3 puits, on utilise le puits neuf mais aussi le puits Collet au Sud-ouest et le puits Surcouf au Nord-ouest. Ils restent à leur niveau respectif de 130 m, 27 m et 37 mètres mais ils sont mis en communication et servent à l’aérage des étages inférieurs par des cheminées. Le puits neuf est noyé en dessous de 97 m.
En 1917, un rapport secret défavorable à la mine de Montbelleux décide le gouvernement à mobiliser de jeunes français pour venir augmenter la main d’œuvre aux côtés des ouvriers et des prisonniers de guerre allemands. Il faut absolument augmenter le rendement. 58 mobilisés arrivent à Montbelleux en juillet 1917.
Répartition du personnel.
42 mobilisés à l’étage 97 et au traçage. 90 prisonniers de guerre aux étages 27 et 62. 10 prisonniers de guerre au jour. 68 ouvriers à l’atelier de préparation (11 mobilisés, 16 civils, 1 étranger, 28 femmes et 12 PG).
Difficultés sociales.
Les prisonniers allemands font de la résistance passive. Une baisse de rendement survient en mars 1918. Une grève perlée coïncide avec l’offensive allemande. Certaines sanctions sont prises par l’inspection des P.G. à l’égard d’une dizaine de prisonniers de guerre de l’étage 62m mais des actes de sabotage tel que l’enfouissement volontaire du minerai riche dans les remblais restent sans sanctions.
Les mobilisés ont demandé une indemnité « de vie chère » un mois après leur arrivée. Devant le refus de la direction des mines, ils se syndiquent et s’adressent au ministre de l’armement. La fédération nationale s’en mêle. Le journal de la CGT, la Bataille, passe un entrefilet au plan national. Le ministre du travail informe le préfet d’Ille-et-Vilaine de la nécessité de trouver une entente concernant la demande de gratification. Les mobilisés étaient précédemment payés au mètre d’avancement suivant la dureté des chantiers. Ils obtiennent le salaire à la journée mais la durée du travail augmente d’une heure. A partir du 1er avril, ils sont payés 7 francs pour les mineurs et
6, 75 francs pour les manœuvres avec indemnité de vie chère de 2, 50 francs (les prisonniers de guerre reviennent à 4, 073 francs par jour). Cette instauration fait toutefois baisser les rendements.
Horaires.
Travail à 1 poste : Descente 6 h à 6 h15. Repos 10 h à 10 h 30. Remontée 14 h 30 à 14 h 45, soit 7 h 45 de travail effectif.
Travail à 2 postes : Le poste de jour a les horaires précédents. Le poste de nuit : de 15 h 30 à 24 h. avec repos de
19 h à 19 h 30.
Travail à l’atelier de préparation : 10 h par jour.
Évasions, accidents.
Deux prisonniers allemands s’évadent en août 1917 ; deux autres en octobre 1917.
Un français mobilisé se noie en tombant dans un puits en avril 1917.
Un autre ouvrier mineur se suicide en se jetant dans un puits en juillet 1918.
Un soldat allemand décède dans un éboulement en octobre 1918.
Dans la nuit du 9 au 10 avril 1918, un éboulement intervient, il s’agit d’un sabotage volontaire. Les rapports qui circulent entre le sous-secrétaire d’état de la justice militaire et le ministre des travaux publics, l’enquête diligentée sur place ne pourront déterminer ni le coupable ni l’utilisation d’explosifs.
Difficultés économiques.
La hausse des salaires et des matières premières, la baisse du rendement a mis l’exploitation dans une situation économique assez difficile. Pour améliorer le développement de la production, la direction de la mine prend différentes mesures : la reprise en main des prisonniers de guerre, le retour au salaire à la tâche pour les mobilisés, la généralisation de la perforation mécanique à condition d’obtenir régulièrement le charbon nécessaire, l’augmentation de la production par adjonction de 25 à 30 nouveaux prisonniers de guerre.
Le forage à bras avance en moyenne de 0,28m par poste ; avec la perforation mécanique, on va 3 à 5 fois plus vite mais le charbon manque souvent. Dans ces conditions, la production de minerai brut à l’abattage est environ de 600 kg par poste de 8 h. En 1918, l’extraction moyenne est de 41 tonnes par jour de minerai brut fournissant
221 kg de wolfram (la teneur variant de 0,05% à 0,25%).
L’incendie de la laverie par sabotage survenu dans la nuit du 9 au 10 octobre 1918 stoppe toute exploitation. La mine tombera plus ou moins en ruine et ce n’est qu’en 1942 que les allemands vont relancer l’exploitation de la mine mais cette fois ce sera en maître des lieux avec des français qui travailleront pour eux.